- Prémonition (souvenez-vous) :

- Quand je lève les yeux vers mon étagère de livres à lire, je me dis que je vais les lire un jour et ça me suffit, mon imagination est déjà en marche et je n'ai pas besoin de les lire. C'est comme quand on se rappelle de beaux souvenirs et que ça suffit pour recréer l'ambiance dans sa tête, qu'on n'a pas besoin d'y être. C'est du passé qui se recrée tout de suite, et pour les livres non lus c'est du futur qui se crée d'avance. Et ça suffit. C'est comme ça que je sais que j'aime un livre, c'est en m'imaginant le lire. Mais du coup je me contente de cette imagination et au final je ne le lis jamais ce livre, ou alors longtemps après. Quand il n'y a aucun sentiment de joie qui s'accompagne de la vision mentale de lecture future, je n'aime soudainement pas le livre en question et je suis bien content de ne pas être en train de le lire et je ne suis pas sûr de le lire un jour. C'est comme quand on se rappelle de mauvais souvenirs et qu'on prend conscience de sa chance d'être enfin sorti de cette sale période vu que maintenant on est heureux et serein. C'est du passé qui se règle tout de suite, et pour les livres non lus c'est du non-futur qui s'impose d'avance. Et ça suffit.

(et sinon cette fois-ci y'a plein de professeurs partout.)

J'avoue que y'a des fois où j'oublie que je lis une histoire tellement que la succession des mots qui sont sous mes yeux est intense et admirable. Ouais. Donc dans ce cas-là c'est pas important que ça soit une histoire ou pas, ni même que ça soit un livre ou un bouquin ou ce genre de chose. On s'en fiche, c'est un beau cerveau et puis c'est tout.

Une personne qui m'est chère a compris que ma question "Qu'est-ce que vous faites quand vous avez fini un bouquin ?" était une sorte d'appel à contributions, de grand concours international ! Je publie donc ici sa réponse. Elle se fait appeler AurelyX et voici sa prose :

Il y a deux ou trois semaines, j'ai fini un bouquin que je ne voulais jamais finir. Parce qu'il était trop bon et que je voulais toujours m'en laisser une part pour plus tard, comme s'il s'était agi d'un brownie. Et aussi parce que je me connais et qu'un livre terminé est un livre fermé à tout jamais, pour moi. Alors voilà. C'est arrivé. Il me fallait la fin, c'est le cœur qui appelait, même si mon cerveau aurait voulu résister encore un peu. Je n'ai pas relu la 4ème de couverture. Je n'ai en fait même pas rouvert le livre, une fois la dernière page terminée. J'ai mis le marque page où il se devait d'être, entre la dernière page blanche et la couverture cartonnée. Et je l'ai rangé, comme un livre sacré, prenant soin à ce qu'il ne côtoie pas des choses d'un autre standing dans mon sac (hors de question qu'il touche le sac de linge sale!). Quand je le vois au milieu de mes affaires, mon regard se transforme et envoie tout ce qu'il a de plus doux, pour le protéger.

Aujourd'hui, j'ai fini un autre livre. Que j'avais commencé il y a des mois mais que j'avais laissé en suspens. Même si je n'avais pas du tout envie de lire la fin, je me suis "forcée", car peu importe la qualité du bouquin, il faut que je sois exhaustive dans la lecture. La fin était assez amère, dans la lecture, mais très savoureuse car j'en suis enfin débarrassée. J'ai relu la 4ème de couverture, histoire de me souvenir quels magazines l'avaient qualifié de "génial, trop bien, lisez-le car c'est le livre de l'année, vous ne serez pas déçu". J'ai pu déverser mon mépris sur eux. Ce bouquin traîne actuellement sur une chaise de l'auberge où je suis. Je l'embarquerai avec moi, juste pour "ma bibliothèque", me souvenir que je l'ai lu. Mais il peut côtoyer qui il veut dans ma coquille-maison de sac à dos.

Vous aussi, si vous êtes inspiré, faites comme AurelyX ! Envoyez-moi vos pensées ! Ça peut être sérieux-autobio ou bien rigolo-absurde, peu importe ! À vos claviers !